A1.2/A2.1 Belleville
Aujourd’hui, je donne aux étudiants un livret de textes que j’ai tapés à partir de leurs productions écrites de décembre. Le sujet était libre, mais certains n’avaient pas d’idées, alors pour les orienter, je leur ai proposé quelques idées : « Racontez ce que vous voulez, si vous n’avez pas d’idées, vous pouvez parler de votre journée habituelle, de ce que vous aimez, … » …
Cette pratique du texte libre ou semi-libre est inspirée de la pédagogie Freinet.
Quatre étudiants n’étaient pas là en décembre. Je leur propose de s’isoler et d’écrire leur texte.
Abdallah aimerait l’écrire chez lui. Je lui dis que les autres l’ont fait en classe, en décembre. Il commence à écrire son texte.
Pendant ce temps, avec tous les autres étudiants, nous lisons les textes du livret. Chaque étudiant lit son propre texte.
Puis nous décortiquons les textes. Nous expliquons le vocabulaire et les formes grammaticales.
Nous étudions la phrase de Ramanathan :
«Je travaille dans un restaurant dont la spécialité est la cuisine libanaise.»
A l’origine, la phrase ne contenait pas le mot «dont», complexe à utiliser et inconnu par les étudiants de la classe.
J’explique et je fais pratiquer : transformation de deux phrases simples en une phrase complexe.
Fatiha, syrienne, remarque dans le texte de Ramanathan que son patron est syrien :
« Mais, c’est de la cuisine syrienne en fait ? La cuisine syrienne et la cuisine libanaise, c’est pareil. Les feuilles de vigne, le taboulé, … Ramanathan, tu cuisines ça ? »
« Oui oui.»
J’ai faim, je salive.
Fatiha nous parle d’Histoire : « Avant la Deuxième Guerre Mondiale, la Syrie et le Liban, c’était le même pays.»
La discussion s’étend ensuite aux différentes formes de langues arabes du Maghreb au Moyen Orient.
Je vois le visage d’Abdallah, souriant, curieux, se tourner vers nous. Il était penché sur sa production écrite, mais il ne peut s’empêcher de se tourner vers nous pour suivre cette discussion.
Ça me fait penser à ces images de classe de double ou triple niveaux où certains élèves se détournent de leur travail individuel pour écouter le cours d’à côté. On est au coeur d’une pédagogie centrée sur la motivation de l’apprenant.
Nous détaillons ensuite l’usage du passé-composé et de l’imparfait dans la phrase : « Il ne travaille plus, parce qu’il est tombé par terre quand il travaillait.»